Artéfacts
Selon le Petit Robert : artéfact =phénomène d’origine humaine, artificielle (dans l’étude de faits naturels). Le mot désigne tout ce que l’homme peut faire pour modifier l’environnement naturel (déforestation, agriculture, barrages, éclairage, feux, art culinaire…), modifier le comportement des animaux (domestication, pièges, chasse…) ou son propre comportement (interdits, obligations, éducation, conditionnements…).
En principe, tout artéfact a pour but une amélioration des conditions de vie. Toutefois, comme il s’écarte de la nature, il peut placer les espèces vivantes et l’homme lui-même dans des situations non prévue dans les déterminismes génétiques. Il exige dès lors une certaine adaptation des individus aux conditions nouvelles. L’adaptabilité connaît cependant des limites, de telle sorte que certains artefacts peuvent avoir des effets pervers, c’est-à-dire des conséquences nocives apparaissant à plus ou moins long terme.
C’est le cas des différents progrès qui ont amené à la société de consommation, aux dépendances et conditionnements qu’elle induit dans les populations et au désastre écologique qui en résulte. Une question que l’on doit se poser est de savoir pourquoi l’homme, lorsqu’il instaure l’usage d’un artéfact, ne prend en compte que ses effets bénéfiques et néglige systématiquement ses effets pervers, même lorsque ces derniers sont déjà apparents.
Il semble que, face à sa capacité d’invention, il manque à l’homme ce que l’on pourrait appeler une « pulsion écologique » : son attention est captée par les avantages immédiats d’une invention, et rien ne le pousse instinctivement à s’inquiéter de ses conséquences secondaires. Deux explications sont possibles : ou bien le cerveau de l’homme, n’ayant accédé que très récemment à l’intelligence conceptuelle, n’a pas encore atteint une forme achevée ; la crise écologique actuelle serait une conséquence de cette incomplétude et pourrait marquer une nouvelle phase d’évolution par le biais d’une prise de conscience ou d’une sélection ; ou, seconde possibilité, certains dysfonctionnements nous empêchent de mettre en œuvre cette pulsion écologique en même temps que nos pulsions créatives ; cette paralysie, qui nous fait négliger les nuisances potentielles de nos inventions, serait due à certains facteurs qui restent alors à déterminer.
L’écogénétique humaine tente de voir clair dans cet imbroglio et, le cas échéant, de rechercher les causes premières des dysfonctions psychiques responsables de nos comportements anti-écologiques.