Artifices
La notion d’artifice n’est pas facile à définir. L’homme est intelligent par nature; son intelligence lui permet d’inventer toutes sortes d’artifices ; ces artifices sont donc naturels puisqu’ils découlent d’une fonction naturelle. Pourtant, tout artifice s’écarte par définition des situations naturelles et recèle souvent de grandes nuisances… C’est là la contradiction la plus flagrante de la condition humaine, ou pour le moins de la civilisation.D’après Le Petit Robert : l’artifice est un moyen habile, ingénieux, et dans l’acception la plus courante : un moyen trompeur et habile pour déguiser la vérité, voire une subtilité faite pour tromper.
L’usage qu’en fait l’Écogénétique humaine est à cheval entre ces deux sens : il s’agit ici des moyens que l’homme est capable d’inventer face à une situation naturelle ou antérieure afin de la modifier, généralement à son avantage. L’habit, par exemple, est un artifice qui permet de pallier à une température trop basse, afin d’augmenter le confort ou de préserver l’organisme. C’est grâce à son intelligence que l’homme est capable de s’habiller (aucun animal ne le fait dans la nature). Les vêtements lui permettent de s’adapter culturellement à des régions froides du globe, comme les Inuits jusqu’au Cercle polaire (cela n’a bien sûr rien à voir avec une adaptation génétique aux régions froides).
Tout artifice a néanmoins des inconvénients, car il place les organismes dans des situations pour lesquelles ils ne sont pas génétiquement programmés. L’habillement permet la colonisation de régions froides, et induit par ailleurs une fragilisation des organismes. Une dépendance s’installe face aux installations de chauffage avec leurs conséquences sur la pollution, le réchauffement climatique, la déforestation etc.
La civilisation est constituée d’une foule d’artifices qui placent les différents organismes dans des situations nouvelles auxquelles leurs données génétiques ne sont en principe pas adaptées à l’origine. Il y a donc lieu d’examiner chaque artifice et de s’interroger sur la capacité d’adaptation des organismes : une adaptation génétique a-t-elle pu se réaliser ? Le potentiel d’adaptation épigénétique n’est-il pas dépassé ? Quelles sont, pour chaque artifice, son origine, sa raison d’être, ses conséquences écologiques, physiologiques et psychologiques ?
L’écogénétique humaine fait un pas de plus et s’interroge sur les causes premières qui ont poussé les hommes à inventer puis à multiplier chacun des artifices actuellement préjudiciables à l’environnement. Quels sont les facteurs psychologiques qui nous en rendent encore aujourd’hui dépendants au point de ne pas prendre prioritairement en considération les dommages infligés à l’environnement ?
Le problème est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Comme chaque fois que l’on s’apprête à explorer un domaine nouveau : l’entrée de la grotte paraît insignifiante, et l’on y découvre parfois tout un monde de stalactites, de stalagmites, et de squelettes…
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