Un aspect pathologique dont notre science n’aurait pas encore clairement percé les mystères ni cerné les contours

Il s’agit ici d’aspects pathologiques apparemment mineurs. Si l’on avait affaire à des pathologies majeures, la psychiatrie et la psychanalyse auraient pu facilement les mettre en évidence et les faire reconnaître en tant que tels par les populations.Néanmoins, une dérive insidieuse de l’état psychique, répandue à l’échelle d’une population, peut entraîner des phénomènes de foule dont personne ne prend réellement conscience. C’est le cas de la névrose endémique, découverte par Freud il y a plus d’un siècle et dont tout le monde a entendu parler, mais que seuls les spécialistes savent identifier. Bien d’autres troubles peuvent toucher les populations sans que personne ne sache les caractériser ni mesurer leurs conséquences sur le cours de l’histoire.

La combinaison des petites modifications présentes chez chaque individu peut entraîner des phénomènes de masse. On a le même genre de situation avec les réactions en chaîne dans une bombe à uranium, ou dans un réacteur nucléaire. Lorsqu’on rapproche les barres de combustible, les influences mutuelles n’augmentent que très légèrement, mais cela suffit pour que le bombardement de particules provoque un échauffement progressif qui à son tour accroît le bombardement. Il suffit d’un peu trop de proximité pour que le processus ne soit plus contrôlable et que la réaction s’emballe.

Le psychisme humain s’est vraisemblablement élaboré de manière à garantir une certaine stabilité dans la vie communautaire, cela tout en générant des phénomènes de groupe comme une envie commune d’aller chasser le mammouth ou de récolter du miel. Vu le danger de ces entreprises, il fallait bien que certaines pulsions s’échauffent mutuellement pour que la décision se prenne. Ce type de phénomène est encore d’actualité, sauf que les buts sont généralement moins terre à terre : on les trouve derrière tous les mouvements de foule, par exemple avant une intervention politique, une manifestation syndicale, une expédition punitive, voire une déclaration de guerre.

Ceci présuppose des échanges de signaux entre les différents individus, assez subtils pour engendrer l’action de groupe tout en la réfrénant lorsque les circonstances sont défavorables. Une telle autorégulation psychologique, s’appuyant sur les psychés individuelles, est facilement mise en défaut par divers facteurs d’excitation ou d’inhibition. C’est pourquoi il est essentiel d’examiner quelles ont pu et peuvent encore être les causes des dérive ou emballements, à l’origine des comportements collectifs qui nous ont amenés là où nous en sommes.

Le problème écologique survient effectivement par suite de comportements généralisés. Connaître les moteurs psychiques, conscients ou inconscients, qui les déterminent est indispensable – particulièrement en notre époque de mondialisation. Il n’est autrement pas possible de comprendre l’évolution de notre société vers des phénomènes de masse comme le consumérisme, le gaspillage, la boulimie, la pollution et autres causes de destruction de l’environnement, sans compter les imbroglios socio-économiques qui se chargent de les amplifier.

Les moteurs de ces mouvements de masse sont manifestement psychologiques. Ils peuvent découler soit de tendances naturelles, soit d’altérations latentes, dont il est urgent de percer les mystères et de cerner les contours…

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