Capacités d’adaptation
L’adaptation dont il est ici question prend en compte les capacités d’adaptation génétique liées aux mécanismes de sélection naturelle (qui nécessitent de nombreuses générations), mais aussi les mécanismes épigénétiques (immédiats), ainsi que tout mécanisme adaptatif qui resterait à découvrir.
On sait aujourd’hui que la capacité d’adaptation des espèces est plus importante et plus rapide que ne l’imaginaient les premiers généticiens, fixés sur le tout-génétique. Néanmoins, toute forme d’adaptabilité reste limitée, comme tout système quel qu’il soit, et la question du dépassement du seuil d’adaptabilité reste au centre du problème des interactions entre l’homme et la nature. Chaque fois que l’homme invente un artifice quelconque, celui-ci peut avoir des conséquences sur sa propre santé ou sur celle du milieu naturel, dès que les nouvelles contraintes dépassent ses propres capacités d’adaptation ou celles des différents acteurs de l’écosystème.
Il ne faut en revanche pas confondre cette adaptation génétique ou épigénétique avec l’adaptation somatique qui fait que l’on s’accoutume à une situation anormale quitte à en payer le prix sous forme de déséquilibre irréversible, de souffrance ou de traumatisme. Exemple : la mithridatisation (immunité à l’égard des poisons minéraux ou végétaux, acquise par accoutumance progressive).
On peut s’habituer à consommer de l’alcool ou du tabac et ne plus ressentir aucune réaction désagréable – au contraire, se sentir mal en cas d’interruption – alors même que leur consommation régulière conduit à la maladie ou à la mort. Ou s’habituer à vivre dans une atmosphère polluée, ne plus remarquer d’odeur ni de malaise, et pourtant en payer le prix à plus longue échéance, comme dans le cas de l’amiante.
En d’autres termes : pour qu’une situation nouvelle ne soit pas nocive à long terme, il faut qu’elle ne dépasse pas les limites de l’adaptabilité génétique (et épigénétique). Le fait qu’on ne remarque plus ses nuisances n’est aucunement une preuve d’innocuité.