La démographie pourrait en soi exploser en beaucoup plus vite

La question se pose en effet fondamentalement : quels sont les mécanismes psychologique, psychosociaux ou psychosexuels qui maintiennent la prolifération d’une population dans des limites acceptables ?

Peut-on admettre que la prise en considération des problèmes de budget familial, le désir d’avoir des descendants de son sang, la joie d’élever des enfants, le risque de surpopulation et autres éléments liés aux possibilités vitales soient intégrés par l’individu de manière consciente de sorte, qu’il ne désire qu’un nombre d’enfants correspondant, en moyenne, aux possibilités économiques de la société dont il fait partie ?

Une telle régulation paraît hautement improbable. Les éléments à prendre en considération sont trop complexes et disparates pour rendre possible un calcul tant soit peu pertinent. Chaque famille pense à ses intérêts, désirs et possibilités économiques propres, sans prendre en compte l’avenir de la société d’ensemble. Le fait que les voisins de quartier aient fait plus de deux enfants par famille n’incitera pas le jeune couple à décider de n’en faire qu’un.

Les difficultés économiques n’ont pas non plus pour conséquence la restriction du nombre d’enfants au minimum. On constate au contraire dans les pays qui connaissent le plus de difficultés un taux de fécondité plus élevé qu’ailleurs. L’accès difficile aux moyens contraceptifs l’explique en partie. Mais le rôle même qu’ils jouent démontre que la sexualité humaine conduirait à une fertilité exagérée.

À l’inverse, les ethnologues qui ont étudié certaines tribus d’Indiens, ou d’Aborigènes, dans lesquelles la contraception est inexistante, on pu constater une régulation du nombre de naissances, adaptée aux capacités de chasse du père. Les meilleurs chasseurs ont régulièrement une descendance plus nombreuses que les moins habiles. La sexualité y est pourtant pratiquée sans limitations morales particulières (du moins avant le passage des missionnaires).

Ces faits difficilement compréhensibles peuvent nous inciter à postuler l’existence d’une régulation du taux de fécondité qui échappe à nos connaissances actuelles. Nous sommes bien conscients que chaque coït ne produit pas une fécondation, même en période d’ovulation. Ce qui n’empêche pas que bien des coïts pratiqués sans désir d’enfant conduisent contre la volonté des protagonistes à une conception involontaire. Les mères ont elles-mêmes bien souvent une difficulté à accepter leur enfant nouveau-né.

Il est bien possible que se cachent derrière ces apparentes incohérences des mécanismes naturels essentiels. Si tel est le cas, il reste alors à les cerner de manière à les expliciter en termes clairs et distincts. Puis à chercher quels sont les éléments susceptibles de fausser le fonctionnement naturel, et de produire une croissance démographique débridée.

Une fois ces éléments mieux connus, il serait possible qu’une prise de conscience générale conduise très spontanément à une réduction des taux de natalité, en rapport avec la survie de la planète et de ses occupants de toutes espèces…