Dépression

La dépression est plus répandue qu’on ne pense dans notre société moderne. Elle peut être comprise comme l’expression paroxystique et individualisée d’un mal-être que nous ressentons tous. Elle traduit, chez certains individus plus fragiles, l’insatisfaction larvée d’une forme de vie qui ne nous apporte pas ce à quoi nous aspirons profondément.

Plutôt que de soigner les dépressions à coups de psychotropes, il faut commencer par se demander quelle est leur origine réelle. Une maladie ne s’installe jamais par hasard. Il faut des agents pathogènes et un terrain favorable. Les dépressifs ont certes le terrain, mais cela ne doit pas nous faire occulter les causes extérieures de leur état. Celles-ci se trouvent général du côté des déceptions amoureuses, des situations familiales ou des revers professionnels.

La dépression endémique et ses expressions pathologiques pourraient servir d’indicateur et mettre sur la piste des troubles dont souffre l’ensemble de la société. Il s’agirait par exemple de remettre en question les schémas de comportement que nous impose notre culture en matière de relations amoureuses ou amoureuses, le principe de la famille nucléaire tel que le critiquait Reich, le système de production et ses modalités salariales, l’esprit de compétition et de concurrence, etc.

Pour quelle raison ces structures se sont-elles mises en place au cours de l’histoire ? Faut-il y voir la manifestation de besoins réels de l’être humain et de ses potentialités génétiques, ou plutôt l’expression de désordres psychiques induits par des causes encore obscures ? Il serait imprudent de balayer ce type de questions, car elles peuvent cacher des mécanismes dont nous sommes tous victimes sans nous en douter, et dont notre biotope risque d’être victime à son tour.

La multiplication des dépressions est une forme de contradiction au regard des promesses de bonheur de notre civilisation matérialiste. Cette contradiction n’est pas délibérée, elle est le produit de nos inconscients. Nous devrions la prendre très au sérieux, car il se peut que nos inconscients désespérément, à travers elle, d’attirer notre attention sur le mal que nous nous faisons à nous-mêmes et que nous faisons à la nature.

À nous de chercher quels sont les comportements fautifs et de mettre en évidence leurs causes réelles. Une fois ces mécanismes expliqués, il sera beaucoup plus facile de leur échapper et de sauver ce qui reste de notre planète…