Des cercles vicieux
Un cercle vicieux est toujours dû aux interactions entre deux ou plusieurs facteurs qui se renforcent les uns les autres. Ils apparaissent quasi systématiquement lorsque l’homme enfreint les lois naturelles en dépassant les limites de résilience du milieu.
L’équilibre écologique du milieu naturel résulte d’une évolution qui a, pendant des millions ou des milliards d’années, garanti un perfectionnement constant et une extraordinaire complexification des mécanismes vitaux appartenant aux différentes espèces. Ces mécanismes sont interdépendants, car l’évolution d’un mécanisme particulier s’est faite en fonction des autres, et a aussi déterminé l’évolution des autres. On parle à ce titre de co-évolution.
Dès l’instant où l’homme intervient avec un artifice qui lui permet de tirer de la nature un avantage nouveau, il agit nécessairement sur certains éléments qui étaient en équilibre avec les autres. Il se produit aussitôt une cascade de déséquilibres qu’il faut compenser par de nouveaux artifices. Ces artifices entraîneront à leur tour des déséquilibres, nécessitant de nouveaux artifices pour les compenser, en particulier s’ils réduisent les avantages qui ont déclenché la chaîne. L’homme est alors obligé, pour conserver ses avantages, d’exercer une action plus importante sur le milieu. Le cercle vicieux s’installe et l’écosystème dégénère…
: les hommes du néolithique se mettent à consommer des tubercules. Ils ont recours à la culture sur brûlis pour satisfaire leurs besoins. Ils se nourrissent plus facilement et se multiplient. Ils doivent alors brûler de plus en plus de surfaces pour leur alimentation. Les régions brûlées ne reprennent que difficilement. Les terres s’érodent, se désertifient et les populations doivent déménager chaque fois plus loin. La forêt disparaît et avec elle la biodiversité. Ils deviennent de plus en plus dépendants de leur agriculture, puis de leurs élevages. Le cercle vicieux du tout agricole s’est amorcé, il ne reste bientôt plus un seul arbre, le climat se détériore, l’équilibre hydrologique de la région s’effondre, le vent rase ce qui reste et il ne reste qu’à conquérir les terres des voisins pour survivre…
D’autres cercle vicieux plus récents sont foison : le réchauffement climatique fait monter la température des océans, le méthane comprimé dans les profondeurs, auquel personne n’avait jamais songé, s’échappe dans l’atmosphère et aggrave l’effet de serre… On invente la voiture, les villes deviennent inhabitables et il faut toujours plus de voitures pour les fuir et respirer de l’air pur à la campagne… La fabrication à la chaîne est d’abord perçue comme un progrès majeur, les travailleurs ressentent plus que jamais le vide de l’existence et le comblent en « consommant » toujours plus d’objets et de nourriture, il faut multiplier les usines, l’ennui au travail s’installe dans la norme, le consumérisme s’emballe, contamine les autres continents, la pollution menace la planète…
l’on veut enrayer le processus, il est indispensable de connaître exactement les mécanismes des différents cercles vicieux qui donnent à la spirale des nuisances écologiques son allure exponentielle. Les théories du chaos décrivent parfaitement ce genre de phénomènes où certains facteurs paraissant au début négligeables entraînent, à travers une série de cercles vicieux, la descente toujours plus rapide vers une catastrophe irréversible.
Il est urgent de mettre en œuvre tout ce qui peut nous laisser un espoir d’enrayer cet emballement. De plus en plus nombreux sont ceux qui l’admettent. Mais personne ne sait vraiment par où prendre les choses. L’écogénétique humaine propose une solution qui pourrait changer la donne : remonter aux causes premières du phénomène, c’est-à-dire décrypter les facteurs psychiques et comportementaux qui ont pu amorcer la course et nous en rendent tributaires. Car, une fois connus, nous pourrons agir sur ces facteurs, en changeant les règles d’éducation et les conditionnements auxquels nous soumettons nos enfants, et en prenant des mesures fondées sur une prise de conscience éclairée afin de changer nos habitudes de vie contre celles d’adultes responsables…