Désir

Le désir est souvent considéré comme synonyme d’élan vital. Entre les différents philosophes, psychologues, psychanalystes et linguistes, sans oublier le sens commun, l’unité n’est jamais la règle lorsqu’il s’agit de définir les éléments fondamentaux du psychisme. Épicure distinguait les désirs nécessaires (nourriture, protection, sommeil…), les désirs naturels (recherche de l’agréable=, les désirs artificiels (richesse, gloire…), et les désirs irréalisables (immortalité). L’Église leur associait les péchés capitaux : nourriture?gourmandise, chair?concupiscence, repos?paresse, argent?cupidité, pouvoir?ambition, honneur?orgueil.

Plutôt que d’entrer dans de vaines querelles de mots ou de métaphysique, l’écogénétique humaine postule la définition suivante, au centre de gravité de ces différentes approches : le désir serait la prise en charge de la pulsion par le mental.

L’être humain est animé par une série de pulsions programmées génétiquement et répondant à des besoins spécifiques (nourriture, sommeil, sexualité, beauté, amour, etc.). Ces pulsions puisent leur source dans l’inconscient, mais peuvent être reprises par le mental, qui les élabore au niveau de la pensée et des représentations. Ainsi se forme le désir, avec tous les risques de distorsion ou de déviation que peuvent induire nos dysfonctionnements psychiques.

Le processus est en soi foncièrement naturel, car l’être humain pense inévitablement ce qu’il ressent. Dans des conditions naturelles, cette élaboration favoriserait la juste expression de la pulsion en tenant compte du contexte. La difficulté survient à partir du moment où l’éducation ou l’apprentissage ont induit des schémas de pensée, voire une structuration psychique non conformes aux potentialités génétique humaines. Ce sont alors des représentations contre nature qui viennent court-circuiter la pulsion naturelle, la dévier ou la déformer. Certaines substances psychotropes peuvent également dévoyer le processus naturel.

Nous sommes là est au centre du problème écologique : le consumérisme est la résultante de désirs de toute espèce. Il est donc essentiel d’approfondir la manière dont s’organisent les désirs dans notre forme de culture afin de redécouvrir leur complexion naturelle. Cela en espérant qu’un tel retour aux sources contribue à freiner la dégradation de la planète avant que le bleu ne tourne au noir…