Doublé toutes les deux générations

Il serait imprudent d’extrapoler cette croissance, et de dire que la population mondiale devrait avoir quadruplé à la fin du siècle.

De nombreux facteurs peuvent intervenir entre-temps. Certains démographes proposent le modèle de la « transition démographique » : après une longue période de pauvreté, le progrès médical et industriel, l’élévation du niveau de vie et d’éducation font augmenter à la fois la durée de vie et le taux de natalité, de sorte que la population croît rapidement ; puis les changements de mœurs qui en résulteraient amèneraient une réduction du taux de natalité, de sorte que la population se stabiliserait.

L’exemple de la France de ces dernières années semble confirmer cette théorie. La population a également tendance à se stabiliser dans d’autres pays en voie de développement, voire à décroître. Le modèle de la transition démographique n’a pourtant rien de certain. Il est contesté par d’autres théoriciens et, en fin de compte, personne ne peut prédire de manière certaine les chiffres qu’atteindra la population mondiale dans les temps à venir.

En fait, le problème est ailleurs. Non dans l’avenir mais dans le présent : les quelque sept milliards d’individus qui arpentent d’ores et déjà la planète, avec les besoins qui sont les leurs, dépassent de loin sa biocapacité. Ce nombre est en rapide augmentation, et les besoins grimpent à une vitesse vertigineuse. Voir par exemple cet article : « Population mondiale, agriculture et malnutrition ».

La situation agricole est en passe de devenir catastrophique, l’érosion des sols dépasse de loin leur capacité de régénération, les nappes phréatiques sont partout en berne, les engrais utilisés à dose massive se raréfieront en même temps que le pétrole et le gaz d’où ils sont tirés, les terres et les eaux sont déjà gravement polluées, rien ne semble pouvoir stopper le réchauffement climatique avec ses conséquences météorologiques et la montée des océans qui grignotent les continents…

L’urgence de la situation exige que l’on agisse sur toutes les variables : passer aux énergies et aux matériaux renouvelables, à une forme d’agriculture respectueuse des réserves en humus et en eau douce, indépendante des énergies fossiles, apprendre à économiser, à recycler tout ce qui est possible.

Mais il est tout aussi impératif, à plus long terme, de réduire le nombre des incoercibles prédateurs que nous sommes. Les besoins de l’individu ne retourneront jamais à ce qu’ils étaient à l’âge de la pierre. Nous n’avons qu’une solution si nous voulons éviter les famines, les guerres, les maladies, les souffrances en tous genres aux générations à venir : limiter le nombre des prédateurs.

Et pour agir sur les taux de natalité, nous devons commencer par analyser tous les facteurs dont ils dépendent. Non seulement les facteurs économiques, socio-culturels, sanitaires et autres, mais le premier facteur en cause en matière de reproduction : la sexualité humaine, et ce qui en est advenu sous le joug de la culture.