Du fonctionnement naturel au psychisme humain
On a tendance à penser, sous l’influence du relativisme culturel, que les conduites humaines peuvent prendre mille formes différentes sous l’égide des différentes cultures, et qu’il est égal que l’une ou l’autre soit adoptée.C’est négliger un fait d’importance capitale : que le psychisme obéit à certaines lignes directrices imposées par la génétique de chaque espèce. Nous disposons certes du libre arbitre, d’une certaine capacité de distanciation vis-à-vis de nos réaction instinctives, avec une ampleur généralement inconnue à l’animal. Certaines situations ou certains comportements lui sont néanmoins insupportables et laissent des traces irréversibles. La notion même de traumatisme présuppose une limitation de l’adaptabilité psychoaffective à des événements dépassant les limites de tolérance individuelles. Et ces limites, bien que variant d’un individu à l’autre, restent confinées dans un domaine de variation qui est lui-même limité, propre à l’espèce et transmis génétiquement.
Par voie de conséquence, la notion de relativisme culturel apparaît elle aussi limitée : elle n’est valable qu’à l’intérieur de certaines bornes, au-delà desquelles une culture donnée pourra provoquer des dysfonctionnements psychiques plus ou moins graves. Des formes de cultures trop nocives ont certainement été mises de côté, simplement parce qu’elles empêchaient les individus d’assurer les performances nécessaires à la survie et provoquaient un état d’infériorité du groupe par rapport à la concurrence. Une manifestation comme une autre des lois de la sélection naturelle…
Mais il peut y avoir en borderline toute une gamme de cultures dont les conséquences fâcheuses n’apparaissent pas assez clairement pour avoir une conséquence à court terme. Une telle culture peut s’imposer dans l’histoire, tout en provoquant des malaises, des souffrances plus ou moins larvées, et des sévices écologiques. Les signes d’anomalie restent difficiles à repérer aussi longtemps que les dommages restent limités. Il peut toutefois se produire une dérive à plus long terme, qui amène insensiblement les populations à des situations conflictuelles insupportables, qu’elles tendront à résoudre symboliquement ou territorialement par des guerres, ou qui se traduiront par une dégradation irréversible de l’environnement.
Afin d’enrayer un tel processus de dégénérescence, il est essentiel de savoir définir les critères du fonctionnement psychique naturel. Il devient ainsi possible de repérer ses altérations et d’en rechercher les causes. Sachant qu’il s’agit de processus psychoaffectifs, un rétablissement du cours normal de l’histoire nécessite encore une prise de conscience générale.
Reste à espérer que la prise de conscience susceptible d’enrayer la spirale écologique puisse se faire assez tôt et, si possible, sans nécessiter de catastrophe suffisamment grave pour réveiller les esprits. Le but de l’écogénétique humaine est précisément de hâter une telle prise de conscience, à travers une recherche exhaustive des causes profondes de la situation actuelle, plutôt que de se résigner à voir notre civilisation victime de ses propres erreurs disparaître sous les auspices de la sélection naturelle…