Hypothèse de départ

L’hypothèse de base de l’écogénétique humaine peut se formuler de la manière suivante : l’origine des faux besoins et des erreurs de comportement responsables de la destruction de l’environnement serait à chercher dans le fonctionnement du psychisme humain, et tout particulièrement dans certains dysfonctionnements provoqués par des causes qu’il serait possible de mettre en lumière et d’éliminer.

Plutôt qu’une hypothèse, faite pour être démontrée (ou infirmée), il faut voir là une heuristique, c’est-à-dire une proposition destinée à orienter et stimuler la recherche. Admettre que l’être humain est ce qu’il est, et que ses défauts innés, ou que les aléas de l’histoire, ont conduit à l’impasse écologique, a pour seul effet la recherche de mesures palliatives. C’est en fait ce que fait l’écologie jusqu’ici. Pour aller plus loin, pour chercher la cause des causes de la situation actuelle, mieux vaut partir de l’idée que l’homme aurait pu agir différemment, que ses défauts de comportement n’étaient pas forcément innés, donc pas inévitables. Et s’ils ne sont pas innés, ils ont nécessairement certaines causes qu’il s’agit alors de déchiffrer.

À première vue, cette démarche paraît quelque peu utopique, car on est habitué à penser que le comportement humain est l’effet du libre arbitre et de décisions délibérées. On oublie par exemple que, sous-jacentes à toute décision, à tout choix intellectuel, il y a des pulsions générées par l’inconscient, qui peuvent subir toutes sortes de distorsions. La recherche des causes de comportements défectueux nécessite donc une exploration de l’inconscient et des facteurs qui ont pu altérer le fonctionnement naturel.

Il est possible que cette recherche aboutisse à la conclusion que le fonctionnement source des comportements destructeurs appartienne véritablement à la nature humaine. Il n’y aurait alors pas lieu d’en chercher les causes, et il faudrait se contenter de mesures palliatives : émettre des interdictions, ou des prescriptions qui corrigent les tendances naturelles.

Mais il est aussi possible que l’on trouve des causes bien concrètes aux désordres comportementaux sources de dégradation du milieu. Chaque découverte faite dans ce sens ouvre la voie à une prise de conscience, qui pourrait se répandre à plus large échelle, vu que la situation actuelle s’expliquerait clairement. Il est beaucoup plus facile de renoncer à un comportement défectueux ou à un faux besoin lorsqu’on en connaît la cause et que cette cause est extérieure à soi-mêmes : soit en supprimant cette cause, soit en corrigeant les mécanismes qui nous en font les victimes.

La prise de conscience de l’inanité des faux besoins et de l’origine des comportements anti-écologiques est le préalable indispensable à un changement d’attitude durable et universel.