Illusion
En bons rationalistes, nous sommes convaincus que la matière est une réalité, et que le monde spirituel, ou pour le moins le monde que certains appellent magique, est une illusion.
Il est clair qu’on ne peut pas s’acheter une voiture par la seule action de l’esprit, et qu’il faut recourir à la matière même pour se déplacer à pied. Sans aucun muscle à la clé, notre esprit ne pourrait même pas s’exprimer. La matière joue donc un rôle irréfragable, même en matière de spiritualité. Pourtant, on n’emporte dans l’au-delà ni la limousine dernier cri qu’on s’est payée pour ses vieux jours, ni même les muscles qui nous ont permis de vivre et d’agir tout au long de l’existence.
La question se pose alors de savoir si l’on emporte quelque chose ou pas ? Impossible de répondre si l’on n’admet pas l’existence ou l’inexistence d’une dimension spirituelle, « métapsychique », qui transcende la matière. Toutes les cultures sauf la nôtre considéraient une telle dimension comme essentielle. D’où une nouvelle question : notre culture matérialiste est-elle le fait d’un progrès, d’une évolution de l’être humain moderne vers un affranchissement des illusions spiritualistes et animistes, ou plutôt le résultat d’une perte fondamentale qui nous rend esclaves de la matière et de l’illusion de nous accomplir à travers les objets ?
Une chose est certaine : les cultures animistes n’ont jamais provoqué d’impasse écologique à la hauteur de celle qui nous menace aujourd’hui. Il y a donc lieu d’envisager toutes les hypothèses : il est possible que nous ayons perdu au cours des âges l’accès à une authentique spiritualité, remplacée par les religions d’une part, et par le culte de la matière d’autre part… Tirer cette question au clair est l’un des enjeux de l’écogénétique humaine…