Imposer que les individus n’aient qu’un enfant par famille

L’exemple de la Chine est évocateur : le gouvernement communiste décidait en 1979 d’interdire aux familles d’avoir plus d’un enfant par famille, moyennant une amende colossale. Dans les zones rurales, un second enfant était autorisé au cas où le premier était une fille. La mesure était en soi raisonnable, face au risque d’épuisement des ressources en terres, en eau et en énergie.

Qu’en est-il trente ans plus tard ? Le nombre d’enfants par femme est passé de 5,8 à 1,8. Les meurtres de bébés de sexe féminin se sont multipliés, ainsi que les stérilisations forcées et les avortements (500 millions). La réussite numérique partielle s’est donc opérée au prix de terribles drames humains. Dans un pays démocratique, les voix du peuple n’auraient jamais toléré pareille mesure.

Plus évocatrice encore est la conséquence inattendue en termes de croissance : d’après l’Onu, les ressources de main d’œuvre de la Chine se réduiront de 17% à l’horizon 2050. De ce fait, elle pourrait devoir faire face au déficit de jeunes travailleurs, ce qui provoquerait une diminution du rythme de la croissance économique. Selon les experts, il est nécessaire d’autoriser deux enfants par famille partout en Chine d’ici 2015. Et dans cinq ans, toutes les restrictions sur les naissances devront être levées.

Les Chinois n’ont pas attendu les chiffres de l’ONU pour intervenir. Les experts de la fondation China Development Research, connus pour être proches des autorités chinoises, ont appelé le gouvernement à abroger d’urgence le programme de limitation des naissances Dans le cas contraire, la Chine serait rapidement confrontée au manque de main d’œuvre, au vieillissement de la population et, par conséquent, à la diminution du rythme de la croissance économique.

Nous pouvons en tirer les leçons suivantes : une mesure coercitive s’accompagne inévitablement d’effets pervers suite au choc avec les aspirations individuelles. Le résultat n’est que très partiel : 1,8 enfant par femme suffit sans doute à faire décroître la population, mais pas à la réduire dans la proportion qui serait nécessaire pour rétablir un équilibre écologique acceptable. La Chine est par exemple l’un des pays émettant le plus de dioxyde de carbone par individu, suite à l’exploitation intensive des mines de charbon en rapport avec le progrès industriel et social.

Pire encore : après une génération déjà, les exigences de la croissance économique poussent les experts à préconiser l’abandon des mesures de limitation des naissances. Nous voyons ainsi apparaître clairement le phénomène d’enfermement de notre forme de culture, qui a maintenant largement gagné l’Asie, dans les exigences de la croissance.

Le scénario nous renvoie à la substance même de l’écogénétique humaine : quels sont les fonctionnements ou dysfonctionnements du psychisme humain qui engendrent cette dépendance au progrès et à la croissance ? Nos structures psychiques innées sont-elles organisées de telle sorte que nous devions obligatoirement aboutir à ce modèle social ? Ne pourrait-on pas plutôt découvrir dans la manière de fonctionner du cerveau humain certaines singularités induites par des éléments culturels qui en troublent le fonctionnement naturel ?

De même en matière d’explosion démographique : les structures innées de la sexualité humaine sont-elles organisées de manière à générer une prolifération débridée de l’espèce à peine les conditions de vie semblent le permettre ? Ou faut-il au contraire y voir une dérive de nos structures psychosexuelles sous l’effet de facteurs culturels provoquant certaines perturbations du fonctionnement naturel ?

Ces questions sont imparables. Il faudrait au moins pouvoir y répondre par la négative : « non, tout va bien, notre fonctionnement actuel obéit aux lois naturelles, nous n’y pouvons rien changer ». Un examen plus approfondi pourrait le cas échéant nous conduire à cette conclusion. Il ne resterait alors que le choix entre des mesures coercitives à la chinoise, ou la descente aux enfers.

Mais l’inverse est également possible. Une recherche objective et exhaustive des possibles déviations de la sexualité humaine pourrait mettre en exergue les contingences culturelles et autres facteurs encore obscurs responsables d’une anormale multiplication des coïts. Nous aurions dès lors des éléments solides permettant de comprendre, et donc de contrôler l’évolution démographique éco-suicidaire et son caractère apparemment inéluctable…
Pour plus de détails sur la situation de la Chine : http://www.news26.tv/cosmopolite/2409-la-chine-au-bord-de-la-crise-demographique.htm
http://www.populationdata.net/index2.php?option=pays&pid=43&nom=chine