La conséquence immédiate du progrès industriel et médical
Il est clair qu’une amélioration rapide des conditions de vie peut inciter les couples à avoir un plus grand nombre d’enfants. Plus gros salaire, plus de nourriture, plus grand appartement, moins de souci pour les fins de mois… Autant agrandir la famille, et si le vœu n’est pas délibéré, l’attention portée aux moyens de contraception fléchit automatiquement si l’on sait qu’un enfant supplémentaire ne posera pas de problèmes de budget.
Ce raisonnement présente pourtant un danger : il occulte les autres facteurs susceptibles d’intervenir dans la régulation démographique. Il donne l’impression, d’avoir fait le tour du problème, alors que le taux de fécondité, c’est-à-dire le nombre moyen d’enfants par femme, dépend d’un très grand nombre de facteurs.
La présence d’inconnues ressort du discours même des partisans de la transition démographique. Selon cette théorie, l’accession au progrès produirait dans un premier temps une nette augmentation de la population, puis un présumé « changement de moeurs » lié au progrès amènerait les familles à limiter leur descendance. Mais on ne nous dit pas ce qui se cache derrière ce « changement de mœurs »…
Par exemple : dans quelle mesure la manière de vivre la sexualité dans notre contexte social, ou dans les pays à forte croissance démographique, peut-elle influencer le taux de fécondité ?
Les quelques études entreprises sur les rapports entre sexualité et démographie ne prennent en compte que des éléments facilement codifiables, comme l’âge des premiers rapports, la fréquence des divorces, le recours au contraceptifs. Donc une approche très superficielle.
Pour maîtriser l’ensemble du processus, il est indispensable de se poser des questions beaucoup plus fondamentales. Quels sont les mécanismes psychosexuels qui déterminent la fréquence des fécondations, notamment le nombre des coïts et la tendance à prendre des risques, les désirs inconscients d’enfantement qui viendraient court-circuiter la volonté de ne pas en avoir, l’imprudence que peut induire une frénésie charnelle, etc.
Ces points sont délicats. Ils touchent à la vie intime des gens, c’est pourquoi les chercheurs préfèrent se rabattre sur des éléments conjoncturels, ou sur d’opaques « changements de moeurs ». Le problème ne se résoudra pourtant que si l’on prend en compte toutes les données sous-jacentes à la croissance démographique.
Certaines pourraient avoir une influence infiniment plus importante qu’on ne l’imagine à première vue…