La croissance démographique en France

Entre 1600 et 1700, la population passait de 20 millions à 21 millions, puis atteint 29,4 millions en 1801. On a donc, pour ces deux siècles successifs, des augmentations respectives de 1 millions vs 8 millions, soit des taux de croissance relative moyens par année de 0,5 ‰ vs 3,3 ‰. Ou encore environ 10500 enfants de plus que le renouvellement générationnel au XVIe siècle vs 70000 au XVIIe.

Un simple accroissement exponentiel aurait mis en jeu des augmentations respectives de 1 million vs 1,05 millions, donc des naissances surnuméraires passant de 10500 à seulement 11025. Il est évident qu’une facteur de croissance majeur est intervenu entre-temps.

On constate par ailleurs que la croissance qui démarre en 1780 se poursuit avec la même pente jusqu’en 1900, avec une légère inflexion vers le haut vers 1820 qui s’explique difficilement par une augmentation de l’espérance de vie, très stable entre les guerres napoléoniennes et la guerre de 1870. Il semble donc que la même cause soit encore à l’oeuvre.

Puis la croissance subit une forte accélération en plein seconde guerre mondiale, avec le baby boom, explicable par la politique nataliste et par la mise sur le marché de la pénicilline en 1942.

Ce qui nous intéresse ici, ce sont les variations importantes du début du XVIIIe siècle. La pente des droites les plus proches des données démographiques voient leur pente multipliée par un facteur 16 ! Sachant qu’il n’y avait à cette époque guère d’immigration, et que la durée de vie augmente très peu (environ 15%), une telle accélération a manifestement une ou plusieurs autres causes.

Ce n’est certes pas la perspective d’une improbable vie industrialisée plus heureuse qui déclencha ce premier élan démographique. L’élévation de niveau de vie à laquelle on l’attribue date de beaucoup plus tard. Les grandes inventions qui ouvrirent la voie au progrès se sont faites au XVIIIe, telle la marmite de Papin, ancêtre de la machine à vapeur mise au point par Watt à la fin du siècle. Les progrès industriels de l’époque n’ont modifié les conditions de vie de la population que très progressivement au XIXe et au XXe siècles.

Les progrès médicaux, dont la marque de départ fut donnée par Jenner (vaccine contre la variole) puis Pasteur (vaccin contre la rage), n’ont commencé à se répandre qu’à partir du XIXe siècle. La variole est d’ailleurs restée endémique jusqu’après la seconde guerre mondiale.

La mise en nourrice a pu favoriser le nombre des conceptions involontaires. En période d’allaitement, l’ovulation est généralement inhibée. Mais les bébés qui n’étaient pas allaités connaissaient des taux de mortalité allant jusqu’à 70%. Ce facteur n’explique pas non plus la forte croissance démographique du début du XVIIIe.

Reste un changement de comportement sexuel, multipliant les conceptions, dont l’origine doit elle-même être expliquée.