Les facteurs de la modernité que l’on cite, qui favoriserait l’espérance de vie

Si la durée moyenne de vie double suite aux progrès médicaux et aux meilleures conditions de vie, toutes choses restant égales par ailleurs, la population double également.

C’est ainsi que les démographes expliquent la croissance démographique pendant la première phase de transition démographique. Lorsque le progrès fait sentir ses effets, la population commence par s’accroître du fait que le taux de mortalité baisse rapidement. Puis dans une deuxième phase, le taux de naissance baisse à son tour sous l’effet des « changements de moeurs », de sorte que la population tend à se stabiliser (voir la critique de ce modèle dans les commentaires suivants).

Le modèle de la transition démographique a été tiré de l’histoire des pays industrialisés. Mais il y a un hic !

Au Royaume Uni, la population s’est multipliée par 3,5 en un siècle (de 6 à 21 millions entre 1750 et 1850). Aux États-Unis, elle se multipliait par 15 en 130 ans (de 1820 à 1950). Si seule l’augmentation de la durée de vie était en cause, en admettant qu’elle fût de l’ordre de 35 ans auparavant, il faudrait qu’elle soit passée à plus de 120 ans en Angleterre, et de 500 ans aux USA ! On ne trouve de pareilles longévités que chez les Patriarches de l’Ancien Testament…

Il apparaît donc de manière évidente que l’allongement de la durée de vie n’est qu’un facteur de croissance démographique parmi d’autres : il peut expliquer un doublement de la population. Aux USA, l’immigration a pu elle aussi faire doubler la population, d’où un quadruplement entre les deux facteurs. On est encore loin du chiffre 15 cité plus haut !

Il reste donc à examiner de près la question du taux de fécondité. Celui-ci dépend de facteurs essentiellement psychologiques, tout particulièrement du dispositif de sexualité. On oublie trop souvent que, dans ces périodes, la morale a profondément changé. Alors qu’au Moyen âge régnait une grande liberté sexuelle, les comportements hors coït ont été progressivement condamnés en tant qu’abominations par les moralistes puis par les médecins, qui y voyaient la cause de nombreuses maladies. Quelles en furent les conséquences sur la pratique de relations à risques ? Quelles en sont encore aujourd’hui les conséquences, notamment dans les pays en développement qui s’imprègnent progressivement de notre morale occidentale ?

Ces questions n’ont jusqu’à ce jour jamais été posées…