Les liens réciproques

Dans un domaine aussi complexe que celui des rapports entre comportements humains et désordres écologique, il serait bien simpliste de ne prendre en comte que les effets des premiers sur les seconds. Le comportements de nos ancêtres, tout comme nos comportements modernes, peuvent être influencés de mille manière par les facteurs environnementaux.

Pour qu’un recherche soit exhaustive, il faut compter dans les influences de l’environnement bien plus que les effets perturbateurs d’un milieu urbanisé, bruyant, pollué, bétonné, comme les dénoncent les écologistes traditionnels. Tout ce qui environne l’individu peut avoir des effets pervers sur son fonctionnement psychique et sur ses comportements : les contraintes sociales, les angoisses, le stress, les privations, trop de facilité, un excès d’oisiveté comme un excès de travail, une alimentation inadaptée, la compétition, le harcèlement, la morale répressive, une sexualité déficiente, une éducation trop lâche ou trop sévère, la liste est interminable.

Plus encore, il faut prendre dans le collimateur les effets réciproques entre désordres comportementaux et désordres environnementaux. Un état psychique perturbé par un facteur extérieur peut engendrer une dérive comportementale lourde de conséquences pour l’environnement. Les évaluations, les motivations, les décisions dépendent de l’état psychoaffectif des protagonistes. Dans la mesure où cet état est modifié dans l’ensemble d’une population, les normes mêmes qui fondent les jugements et les décisions subissent des glissements dont il est difficile de prendre conscience, vu que tous les individus sont logés à la même enseigne.

On voit immédiatement comment les choses peuvent évoluer à plus long terme : une modification du fonctionnement psychique peut pousser la communauté à prendre une décision inappropriée, celle-ci peut imposer certaines modifications à l’environnement, modifications qui pourront à leur tour influencer l’état psychique général, de sorte que de nouvelles décisions inopportunes seront prises et ainsi de suite.

C’est ce type de cercles vicieux que l’écogénétique humaine s’emploie à dénoncer, en radiographiant aussi objectivement que possible les rapports réciproques entre les comportements nocifs pour l’environnement et les influences de l’environnement dénaturé sur les comportements. Ainsi peuvent être mis en évidence aussi bien les anomalies comportementales induites par la civilisation, avec leurs effets pervers de plus en plus prégnants sur la nature, que les effets nocifs d’une nature dégradée, et d’une culture de plus en plus éloignée des lois naturelles…