Des mesures qui ralentissent sérieusement les naissances

Il serait déjà bien difficile d’obtenir de l’ensemble des pays du monde une volonté de limiter le taux de fécondité à deux enfants par femme. C’est pourtant, à quelques pourcents près, le taux qui permettrait d’éviter que la courbe démographique ne s’envole encore plus haut.

Même en notre France exemplaire, début 2013, autorités et médias se réjouissaient unanimement de voir ce taux remonter à 2,01 – témoin d’une croissance vigoureuse.
http://www.populationdata.net/index2.php?option=article&aid=935&article=-France-:-croissance-demographique-toujours-aussi-forte

Nous pensons encore les choses à l’envers. La multiplication de la population est pour nous un gage de santé nationale, alors qu’il faut désormais la voir comme un gage de souffrance planétaire.

L’enjeu véritable n’est d’ailleurs pas de stabiliser la démographie, mais de réduire la population mondiale, ce qui représente un tout autre changement de mentalité !

Sachant que la planète suffit pour les besoins de 500 millions d’individus de niveau de vie américain, puis en admettant que les 9 milliards que nous serons très certainement d’ici peu bénéficient tous des mêmes progrès (évolution qui paraît inéluctable), cela même si les technologies vertes en venaient à diviser l’empreinte écologique individuelle par 6 (et diable si c’est optimiste !), on voit immédiatement qu’il faudrait diviser la population mondiale par un facteur 3… C’est-à-dire ne plus faire qu’un enfant par femme pendant environ trois générations pour tant soit peu s’en approcher. Encore que la planète aura été ravagée par les effets du surnombre d’ici que les classes âgées de la population aient rendu l’âme…

Le problème est insoluble. Il se heurte à des millénaires d’apologie de la procréation. On ne démonte pas si vite les remparts qui se sont érigés autour d’un stéréotype enraciné dans la tradition et chanté sur tous les tons par toutes les religions depuis des milliers d’années. D’autant plus qu’il se fonde sur un instinct primordial, clé de survie de toutes les espèces vivantes.

En dernière analyse, les lois de l’évolution sont désormais en contradiction avec les exigences de l’évolution. La survie des espèces implique un taux de reproduction aussi élevé que possible. À voir les nuages de pollen émis par les étamines des fleurs, les milliards d’oeufs microscopiques que relâchent les colonies de coraux, ou le nombre des spermatozoïdes fabriqués par un mâle en bonne santé – chose dont la rareté croissante devrait nous réjouir…

Mais en même temps, l’évolution exige un biotope suffisant pour couvrir les besoins des espèces en voie de développement. Autrefois, il leur était possible de déborder sur des biotopes voisins. Alors que l’humanité a déjà envahi la quasi totalité du biotope sphérique qui est le sien, forme géométrique finie par excellence. Elle est par surcroît la plus déprédatrice de toutes les espèces prédatrices qui aient existé depuis la nuit des temps. Nous découvrons que nous sommes enfermés dans notre vaisseau spatial, que celui-ci est terriblement limité et déjà grignoté de toutes parts.

Cette situation est foncièrement nouvelle. Elle impose un changement de mentalité radical. Nous ne pouvons plus penser comme pensaient nos aïeux, voire nos pères et mères. Nous devons passer au crible fin toutes les conceptions qui nous ont été inculquées, de l’éthique, de la morale, du bonheur, de la famille, de la virilité, de la puissance, de la féminité, de la maternité et bien d’autres, sans concession, jusqu’aux fondements bibliques qui traversent encore les âmes.

Il faudra sans doute remonter jusqu’au tréfonds de nos inconscients pour mettre au jour toutes les structures pulsionnelles ou culturelles qui nous attachent à l’image que nous avons de la sexualité humaine. Le remède à cette maladie mortelle de la planète qu’est la prolifération humaine, pourrait bien se trouver dans la psychanalyse, mais dans une nouvelle perspective qui ne tende pas à simplement conforter l’image du coït normal et du couple procréateur. Il faut cette fois s’interroger sérieusement sur ce que pourrait être le comportement sexuel naturel de l’être humain…