la nature humaine en soi, ou plutôt ses avatars induits par la culture
Tous nos comportements sont intrinsèquement liés à notre fonctionnement psychique. Ce fonctionnement est en partie inné, en partie conditionné par l’éducation, la morale, les différentes contraintes sociales et environnementales.
Chaque fois qu’un comportement pose problème, il y a lieu de se demander dans quelle mesure il découle des caractéristiques innées du psychisme humain, tel qu’il est programmé génétiquement, ou s’il provient au contraire de certains conditionnements ou autres facteurs qui ont pu altérer les structures psychiques par rapport à ce qu’elle devraient être.
Lorsqu’il s’agit de défauts constitutionnels, nous ne pouvons que chercher des palliatifs, imposer certaines limites destinées à compenser les tendances inopportunes. Il se pourrait par exemple que la tendance à croire l’homme supérieur à la nature et capable de la maîtriser à sa guise, appartienne à une structure psychique « prométhéenne » intrinsèquement liée à la nature humaine. Il y aurait là une sorte de contradiction entre une donnée génétique, a priori utile à l’espèce, et son caractère destructif pour le biotope dont dépend l’espèce. Rien ne permet cependant de l’exclure, et il faut envisager cette éventualité chaque fois que l’homme s’aventure dans des activités qui s’avèrent nuisibles à l’environnement. La seule solution est alors d’intervenir à l’aide d’interdits, d’obligations, ou d’expédients de toutes sortes afin de limiter les dommages.
S’il s’agit au contraire de troubles fonctionnels, le tableau est tout à fait différent : la même tendance « prométhéenne » découlerait dans ce cas des contraintes malencontreuses imposées à l’individu par son environnement social ou matériel. L’éducation par exemple pourrait s’avérer responsable d’une structuration psychique laissant trop de place à l’ego et à ses traits paranoïdes. Si les mêmes tendances se retrouvent chez la majorité des individus, elles paraissent inhérentes à la nature humaine, et donc inéluctables. Il reste pourtant possible de trouver des solutions décisives, en remontant aux facteurs responsables et en les corrigeant. Dans le cas particulier, en réformant l’éducation des jeunes enfants.
Chaque fois que nous dépistons, à l’origine des désordres écologiques, une caractéristique de notre fonctionnement psychique, nous nous retrouvons devant la même alternative : il s’agit soit d’une tare innée, soit d’un dysfonctionnement acquis. Les facteurs innés et acquis peuvent évidemment se combiner. Une recherche est indispensable pour décrypter les causes premières et les mécanismes souvent complexes responsables des dérives comportementales. Ce type de démarche n’est généralement pas envisagé, ou vite abandonné précisément parce qu’il ne flatte pas l’ego et nécessite un acte d’humilité.
L’écogénétique humaine part du principe que le problème écologique, compte tenu de la menace sans précédent qu’il fait peser sur l’avenir de la planète, doit passer avant toutes les réticences et tous les préjugés. Nous devons chacun tout faire pour remonter aux sources de la spirale qui nous emporte toujours plus loin vers l’autodestruction…