Négligée par le monde scientifique

Aussi troublant que cela puisse paraître, le monde scientifique ne remet pas en cause de nombreux comportements humains, du moins pas en les rapportant à un possible dysfonctionnement psychique.

La plupart des chercheurs partent du point de vue que l’être humain est ce qu’il est, que ses défauts sont constitutionnels, inhérents aux imperfections de la nature, aux limites de la génétique, et de toutes façons inévitables. Les anthropologues, par exemple, s’opposent le plus souvent assez violemment (sous le couvert du relativisme culturel) à l’idée qu’une culture puisse être meilleure qu’une autre, ce qui interdit d’emblée de se poser des questions sur le système de valeurs propre à notre culture actuelle.

La psychanalyse démontre quant à elle qu’il existe une névrose endémique, mais ne remet pas en cause les données sociétales qui en sont responsables. Elle aborde à peine le problème de l’ego et les origines de l’égoïsme, intrinsèquement liés au leitmotiv de la croissance et au consumérisme.

ces questions, pourtant des plus importantes en matière de condition humaine et d’environnement, remettraient trop foncièrement en cause notre forme de civilisation. Le monde scientifique, s’il veut être reconnu et financé, se voit obligé d’occulter ou de minimiser les questions qui dérangent : tout particulièrement celles qui concernent les éventuels dysfonctionnements psychiques qui ont généré le système de valeurs délétère dont nous sommes prisonniers.

Admettre que le psychisme humain pourrait fonctionner différemment, c’est se remettre en cause soi-même, et s’en prendre du même coup à tous ceux dont dépendent les intérêts personnels. Ceci nécessite une forme d’objectivité et de modestie qu’on ne rencontre pas tous les jours, même dans les meilleures universités et les meilleurs laboratoires.

L’écogénétique humaine prend le risque de bousculer nombre de croyances, de préjugés et de stéréotypes, même si cela dérange, car l’urgence de la situation ne permet simplement plus les tergiversations. Trop de temps a déjà été perdu.