Paranoïa
La paranoïa se distingue de la névrose par les altérations du Moi : celui-ci, coincé entre des exigences impératives du Ça et des interdits inappropriés du Surmoi ne se structure pas correctement. Il se produit un clivage entre l’image de la réalité que le paranoïaque se constitue pour échapper à ses frustrations : il s’imagine par exemple qu’il suffit de désirer une chose pour qu’elle se réalise. Il s’expose ainsi à des déceptions continuelles, d’où il retire un sentiment de persécution, l’un des symptômes les plus apparents de ce trouble.
Il est évident que la paranoïa, ou plus exactement les tendances paranoïdes générales, peuvent jouer un rôle majeur dans l’illusion prométhéenne : l’illusion d’être capables de maîtriser la nature, d’en retirer tout ce qui nous arrange, est typiquement « parano ». Or, cette illusion est au centre du problème environnemental : les hommes se sont imaginé, et s’imaginent encore pour beaucoup, que la nature est sans limite, que les masses océaniques absorberont tout les déchets, que la biodiversité se refera quoiqu’il arrive, qu’il suffit de faire un « geste pour la planète » pour conjurer la catastrophe…
La recherche des causes profondes des tendances paranoïdes est donc essentielle. Quelles sont les erreurs d’éducation ou de culture qui les génèrent dans la petite enfance, ou les entretiennent à l’âge adulte ? Quels moyens mettre en œuvre pour éviter ou au moins réduire ce type de distorsion du psychisme ? Quels éléments culturels ou pédagogiques pourrait-on mettre en place ?
C’est un des challenges de l’écogénétique humaine que de répondre à ces questions, de la manière la plus objective possible, et d’amorcer une prise de conscience générale. La tâche n’est pas aisée, car chaque individu pourrait se sentir concerné et rejeter la remise en question personnelle nécessaire. Être assez parano pour se croire au-dessus le la mêlée et continuer à pousser la roulotte comme si de rien n’était. Alors qu’un changement radical des méthodes d’éducation de l’enfant pourrait bien être la seule clé permettant à l’humanité de sortir du labyrinthe…