Paresse

Un même effort peut être ressenti positivement ou négativement suivant la disposition d’esprit. Creuser un trou pour chercher un trésor ne fait pas le même effet que de creuser le même trou si l’on sait qu’il ne sert à rien.

Il suffit bien souvent de se dire qu’une travail est inutile ou injuste pour le trouver particulièrement éprouvant, alors que le même travail, exécuté dans une bonne disposition psychologique, parce qu’il va rapporter de l’argent ou parce qu’on le trouve intéressant, paraît infiniment moins pénible. Cette ambivalence est frappante dans le sport : des surefforts qui paraîtraient intolérables sont ressentis comme une forme d’accomplissement s’ils sont fournis sous l’égide d’une médaille olympique.

Chacun sait qu’une dose convenable d’effort quotidien est nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme. La peur de l’effort telle que nous la ressentons n’est pas forcément naturelle. Différents facteurs psychologiques, comme la monotonie de la vie, l’absence de projet, la frustration sexuelle, peuvent faire de tout effort la cible transposée d’une opposition inconsciente contre une forme de vie contraire à nos potentialités génétiques ou à nos aspirations spirituelles.

La recherche de facilité implique bien souvent des artéfacts dont l’impact sur l’environnement n’est pas négligeable. Remplacer le brossage d’un tapis par l’effet d’un nettoyant chimique, le grattage d’une poêle par un détergent, une petite marche à pied par la mauvaise combustion de diesel, chacun de ces détails coutumiers de l’existence remplace en fait l’effort que nous pourrions faire de bon gré, pour le plus grand bien de notre santé, par un artéfact nocif pour l’environnement. Chacun répétant le même schéma, les petites paresses que nous décodons comme un droit au progrès se multiplient par des milliards et finissent par avoir des conséquences irréversibles sur le milieu.

Face à chaque effort que nous évitons en recourant à un artéfact quelconque, nous devrions commencer par nous interroger sur les raisons qui nous font ressentir cet effort comme pénible. Puis sur les conséquences réelles la suppression de cet effort peut avoir sur notre santé et sur notre existence en général. Et finalement, sur les conséquence que l’artéfact concerné peut avoir sur l’environnement. À chacun de tirer le bilan.

Toutes sortes de facteurs psychologiques peuvent être impliqués et c’est l’une des tâches de l’écogénétique humaine que de démêler l’écheveau.