Peur

La peur est une fonction psychologique essentielle : c’est elle qui stimule notre vigilance et nous fait agir en cas de danger. Elle peut toutefois dépasser la mesure et nous paralyser ou nous faire commettre des erreurs. Elle joue un rôle important dans notre rapport aux autres et à l’environnement.

La peur que peut inspirer la catastrophe écologique sera sans doute déterminante dans la manière dont l’humanité modifiera ses comportements. C’est elle qui peut réveiller les consciences et obliger les indifférents à ouvrir leurs yeux et leurs oreilles. Un excès de peur risque en revanche de faire surgir des défenses psychologiques, telles un excès de pessimisme ou d’optimisme, une justification des comportements nocifs, des réactions de résignation, agressives, destructrices, suicidaires.

La peur influence également notre tendance à la consommation : la peur de manquer, de souffrir, de mourir, intervient consciemment ou inconsciemment chaque fois que nous prenons la décision ou nous laissons convaincre d’acheter un produit superflu. J’ai peur que ma voiture me lâche, je vais donc en acheter une nouvelle. J’ai peur de manquer de marchandises dans mon congélateur, donc j’achète des produits au risque qu’ils finissent à la poubelle. J’ai peur de m’ennuyer, il faut absolument que je me paie tel ou tel gadget. J’ai peur des microbes, je préfère les emballages sophistiqués qui protègent contre les poussières ou contre les doigts et les postillons des manipulateurs.

Il y a donc lieu de s’interroger sur les causes possibles d’une tendance excessive à la peur et sur ses conséquences réelles dans la préservation de l’environnement. Quelle peut être l’origine d’un niveau d’angoisse excessif ? Quels sont les mécanismes susceptibles de dévier la peur dans des secteurs inappropriés ? Il peut s’agir de toutes sortes de facteurs, névrotiques, paranoïdes ou autres, dont il reste alors à décrypter les causes premières (culturelles ou environnementales), et à examiner les interactions avec les autres composantes du psychisme. C’est là le chemin que poursuit l’écogénétique humaine, afin de mettre en lumière les causes réelles de la situation délétère dans laquelle nous enferme notre forme de civilisation.