Pulsions amoureuses et sexuelles
Première question : comment se fait-il que les pulsions sexuelles soient intrinsèquement liées aux pulsions amoureuses ?
L’explication classique veut que l’amour soit le catalyseur de la procréation. Eros pointe pourtant bien souvent sa flèche sur des individus incapables de se reproduire, soit pour une question de ménopause, soit pour une question d’homosexualité. La fécondation est d’ailleurs possible sans aucun amour, par le biais de la simple séduction, voire du viol.
Contrairement à l’homme, un mâle animal n’est, pour la grande majorité des espèces, jamais attiré par une femelle hors des périodes de fécondabilité. L’amour humain ferait donc exception à la règle. S’il n’est pas intrinsèquement lié aux nécessités de la fécondation, pourquoi alors implique-t-il si généralement la copulation ?
Les relations sexuelles ont objectivement toutes sortes d’inconvénients, comme le risque de contagion, le temps qu’il faut y consacrer, l’exposition au danger par perte de vigilance (dans un milieu primitif). On ne peut pas facilement justifier la connexion étroite entre amour et sexe du point de vue de l’évolution. Que le sexe implique l’amour, peut-être, vu que l’attraction entre les sexes pourrait favoriser la survie de l’espèce. Mais que l’amour implique très systématiquement des manifestations sexuelles, là les choses sont nettement moins claires…
Pourquoi ce merveilleux sentiment ne pourrait-il pas se vivre en tant que source de bonheur sans aucune référence aux organes génitaux ? Cette idée est d’ailleurs prônée par les membres de certains mouvements bien décidés à éliminer radicalement cet aspect culpabilisant de leur vie. Les prêtres de nombreuses religions ont tenté d’en faire autant, avec plus ou moins de succès. Toutes les études faites dans ce sens semblent avoir démontré que la continence absolue tient de l’utopie.
On peut à juste titre s’étonner de la prégnance des pulsions sexuelles. Si l’on en croit les psys, le manque de réalisation conduit tout droit à la névrose. Pour quelle raison ? Que le besoin de manger, en cas de disette prolongée, produise une état d’affolement, ça se comprend : il y a danger immédiat pour la survie de l’individu. Mais que le besoin de se reproduire, surtout lorsque ce n’est pas de circonstances, conduise également à des états pareils de manque, voilà qui reste inexpliqué.
Ou bien la nature est mal fichue, en tout cas en ce qui concerne les humains (les animaux sont beaucoup mieux lotis, n’ayant de pulsions sexuelles qu’au moment où elles servent à quelque chose). Ou bien est-ce notre conception de l’amour et de la sexualité qui est mal fichue… Ces pulsions encombrantes auraient-elles une fonction que notre science ne sait pas encore expliquer ?
Voilà qui laisserait entrevoir une explication à l’explosion démographique. Une fonction propre à la sexualité humaine, mais qui nous échapperait, et dont l’échec nous pousserait à nous accrocher plus que nature à la fonction procréatrice ?
C’est ce thème riche en surprises et gros par ses conséquences que nous allons examiner dans les commentaires suivants…