Le Radeau de la Méduse

Tableau célèbre s’il en est, le Radeau de la Méduse incarne aujourd’hui parfaitement l’humanité partie à la dérive sur les flots de l’histoire, l’espérance illusoire, la perte des repères et le naufrage certain. Michelet le premier sut mettre le chef-d’oeuvre de Géricault en rapport avec la destinée de notre civilisation : « C’est notre société tout entière qui embarqua sur ce radeau de la Méduse »…

Comme le font bien souvent les artistes, le peintre sut tirer d’un fait d’actualité une œuvre hautement allégorique : le naufrage d’un radeau où s’étaient réfugiés 150 passagers d’un navire échoué, parti en 1816 coloniser le Sénégal, faute de chaloupes en nombre suffisant. Ces malheureux finirent par se battre et dévorer les morts, seuls dix survivants furent sauvés in extremis.

Voilà qui pourrait préfigurer l’avenir de l’humanité si la dévastation de la planète continue sur sa lancée : un radeau improvisé, surchargé de monde et abandonné à son sort, sans qu’aucun des occupants ne sache que faire pour éviter le carnage…