Réduire à tout prix le niveau de vie.
Les chiffres sont là : il y aurait de la place pour 700 millions d’Européens, et nous sommes 7 milliards. il faudrait donc que tout le monde se contente d’un niveau de vie DIX fois inférieur à celui de l’Européen moyen…
Quel Européen serait prêt à le faire ? Quel Américain ? Quel Africain ou quel Asiatique rêvant d’occidentalisation serait d’accord de réduire au dixième ses espérances de bonheur ? On voit immédiatement que la perspective d’une pareille décroissance se heurte à une résistance phénoménale.
Reste l’idée de réduire l’empreinte écologique de l’individu grâce à de nouvelles technologies : agriculture raisonnée, capture du carbone, épuration des eaux et des décharges, recyclage des déchets, interdictions des polluants, énergies renouvelables, biocarburants, hydrogène et autres refrains gaiement entonnés par les écologistes, et finissant trop souvent sur un point d’orgue…
Inutile de se désoler : tous les progrès que nous pourrons faire pour limiter l’empreinte écologique du progrès seront vite rattrapés par l’exponentielle démographique. En limitant les dégradations de l’environnement, on évite provisoirement les famines, les maladies, les privations. Mais on favorise du même coup la prolifération de l’espèce. Le maintien de conditions de vie supportables laisse le champ libre à la procréation, et l’accroissement des populations réduit à néant les efforts entrepris pour préserver l’environnement. Le stress prévisible en cas de dégradation environnementale risque par surcroît de multiplier les naissances, comme on l’observe dans les pays ou les familles les plus pauvres. La solution, si elle existe, n’est donc pas d’ordre écologique. Ou pas seulement.
On voit immédiatement que le problème ne sera résolu que moyennant une limitation drastique du nombre des humains. Or, dans l’ordre actuel des choses, cette limitation ne peut se faire que par deux voies : soit les interdits, la guerre, la maladie, la mort ; soit par une prise de conscience amenant les humains à réduire énergiquement les taux de naissances. Ni l’une ni l’autre de ces voies n’est directement applicable.
La croissance repose sur l’augmentation de la consommation et sur la multiplication des consommateurs. Sans la croissance, notre système socio-économique s’effondre, avec toutes les conséquences sociales et individuelles que l’on sait. La réduction du nombre des habitants conduit à terme à la décroissance. Il est donc socio-économiquement impossible de réduire la population mondiale. L’impasse est totale.
Ou alors, il faudrait trouver un moyen d’agir en profondeur sur les taux de natalité. Une prise de conscience, un changement de comportement qui amène les individus à moins se reproduire sans que cela ne lèse personne…
L’utopie cache parfois des réalités possibles. C’est le seul espoir qui nous reste…