Une vision radicalement nouvelle
En quoi cette vision est-elle « radicalement nouvelle » au regard des autres démarches écologiques ?
Aucune démarche n’a jusqu’ici cherché les causes des comportements nuisibles à l’environnement dans les dysfonctionnements du psychisme humain, ni cherché objectivement les causes premières de ces dysfonctionnements. Le bon sens amène à mettre en cause des « défauts » comme l’avidité, l’égoïsme, l’indifférence à la nature. L’avidité pousse en effet les hommes à s’emparer de tous les biens possible alors même qu’il n’en ont pas réellement besoin. L’égoïsme les pousse à tout vouloir pour eux sans tenir compte ni des autres ni des futurs représentants de l’espèce, ni des autres être vivants qui constituent leur environnement. L’indifférence et l’inconscience leur font occulter les dégâts souvent irréversibles qu’ils provoquent dans le milieu naturel et ne penser qu’à leurs intérêts immédiats.
Néanmoins, il ne sert à rien d’accuser l’humanité d’être avide, égoïste et indifférente. Il faut se demander pourquoi il en est ainsi. Une certaine avidité est naturelle, tous les animaux cherchent à se nourrir et la plupart à rassembler des matériaux pour construire leur nid. L’homme, lui, ne se contente pas du nécessaire : le superflu lui est indispensable. Mais cette particularité découle-elle des caractéristiques naturelles de son psychisme, ou plutôt d’une dérive de son fonctionnement primitif ?
S’il s’agit d’un fonctionnement naturel, qui a toujours existé, liés aux caractères héréditaires de l’espèce, la seule chose que l’on puisse faire est d’en prendre acte. Le sachant, et voyant les conséquences de ces défauts innés, il reste à prendre des mesures pour limiter les dégâts. À faire aussi un acte de modestie, afin d’admettre que certaines capacités de self-contrôle, d’altruisme, de conscience nous font défaut. Puis de corriger ces carences innées par un acte de volonté, par une surcroît d’information, par une meilleure éducation.
S’il s’agit d’un dysfonctionnement, c’est-à-dire d’un désordre par rapport au fonctionnement naturel, il est urgent d’en rechercher les causes. Tout désordre dans les mécanismes biologiques a toujours une cause. Une fois la ou les causes connues, il suffit en principe de la supprimer pour que le fonctionnement naturel reprenne le dessus.
Dans les trois exemples cités plus haut, et dans bien d’autres, personne ni la science ne sait s’il s’agit de caractères innés ou acquis. On ne se pose même pas la question, de sorte que toute recherche structurée est impossible. L’écogénétique humaine concentre au contraire ses efforts sur la recherche des causes, nécessairement encore inconnues, des dérives psychologiques susceptibles d’être à l’origine de la débâcle actuelle.
Ces causes peuvent se trouver dans les distorsions des structures psychiques, notamment psychosexuelles, induites par les contraintes culturelles. C’est donc toute la culture et la morale qui doivent être passées au peigne fin. Elles peuvent aussi se trouver dans certains dysfonctionnements neurophysiologiques. On sait que l’usage de substances psychotropes peut modifier profondément le jugement, les décisions, les relations à l’entourage. Il est donc à craindre que certaines substances apportées notamment par une alimentation mal adaptée au métabolisme humain ne soient « neurotoxiques ». De telles molécules pourraient déréguler sournoisement le fonctionnement psychologique, modifier les rapports d’équilibre entre avidité et besoin, égoïsme et altruisme, indifférence et conscience écologique ou autres facteurs en jeu dans l’ascension du consumérisme. Il s’agit dans cette éventualité de remettre en cause les habitudes alimentaires et d’épingler les facteurs neurotoxiques responsables.
Une fois ces différents facteurs mis en lumière, une prise de conscience générale devient possible. Elle ne se ferait sans doute pas très rapidement, mais il serait au moins possible de l’amorcer. Aller droit dans le mur sans savoir pourquoi la direction d’une voiture ne fonctionne plus paralyse les efforts fournis pour éviter le choc. Si l’on sait la raison pour laquelle le volant refuse de tourner, il reste quelques chances de réparer le mal et d’éviter la catastrophe…
Espérons que l’écogénétique humaine progresse assez vite pour que l’embardée consumériste puisse être freinée avant la chute dans l’irréversible…