Nous vivons à crédit
Vivre à crédit lorsqu’il s’agit de finances, c’est risquer la faillite. On peut se remettre d’une faillite. Lorsqu’il s’agit d’équilibres écologiques, les chances de se refaire une santé sont minces…
Il y a pourtant déjà trente ans que l’humanité vit à crédit, en prélevant sur la planète plus que celle-ci ne peut donner ou renouveler. Et ce ne sont pas des chiffres fourgués par des écolos illuminés, mais des chiffres encore trop optimistes. C’est ce qu’ont démontré les études correctives plus récentes, fournies notamment par les très sérieux Offices suisses de l’environnement, du développement territorial et de la coopération. Les premiers calculs avaient omis certains impacts de polluants, la nécessité de préserver des espaces non-exploités, le problème crucial de la gestion de l’eau, etc.
La faillite écologique qui se prépare devrait mettre le monde entier sur pied de guerre. Ou plutôt à pied d’œuvre, avant que les guerres ne viennent signer les famines et les conflits de ressources. De nombreux sévices seront irréversibles, ou demanderont des siècles pour retourner à la normale. Nos enfants et petits-enfants en feront les frais.
Ce ne sont pas les quelques mesures pro-environnementales que prennent nos gouvernements qui vont éviter la catastrophe. Aussi longtemps que les populations restent nombreuses ou s’accroissent davantage, la simple arithmétique montre que la dette écologique s’accroîtra au point de multiplier les secteurs de non retour. Plus assez de terres cultivables, plus assez d’eau douce, plus assez de forêts et de plancton pour fabriquer notre oxygène, plus assez d’énergie, plus assez de minerais, plus assez de décharges, une biosphère polluée à tous les niveaux bientôt transformée en thanatosphère…
Seule solution : commencer le plus tôt possible à rembourser les crédits déjà gaspillés, en multipliant aussi rapidement que possibles les technologies pro-environnementales. Un mouvement général s’est déjà mis en place, largement soutenu (ou exploité…) par les médias, et l’on peut s’en réjouir. Espérer surtout qu’il arrive à enrayer efficacement la machine à polluer.
Mais il faut rester bien conscients que ces efforts louables seront loin de résoudre le problème de fond. Ils ne feront, même s’ils réussissent à s’imposer à l’échelle planétaire, que retarder l’issue fatale. Aussi longtemps que le nombre des consommateurs croîtra, comme cela se passe à grande vitesse avec la contamination du Tiers Monde par le mode de vie de l’Ancien et du Nouveau, et indépendamment par l’effet des taux de natalité actuels, la dette ne fera que s’alourdir et l’écologie s’enliser.
Reste à trouver le moyen de limiter les naissances assez radicalement pour éviter la faillite et, cela, sans recourir à la contrainte. Car la coercition, face à un instinct aussi puissant que l’instinct de reproduction, pourrait avoir des effets rebonds imprévisibles. Seule solution douce : essayer de comprendre pour quelle raison la sexualité humaine conduit à la situation actuelle et, avec un peu de chance : découvrir les causes d’une multiplication anormale des fécondations…